Mouluration

 Le texte de cet article est principalement extrait de « La plâtrerie, le staff et le stuc » de l’encyclopédie des métiers des compagnons du devoir, par Joël Puisais, stucateur et gipier.

De nombreux vestiges grecs ou romains attestent de l’utilisation massive en stuc ou en plâtre dans l’antiquité gréco-romaine pour reproduire à l’intérieur des bâtiments la riche modénature de l’architecture monumentale. La réalisation des reliefs en plâtre est bien différente et ne relève pas autant de difficultés qu’avec la chaux : le plâtre permet de construire en une seule fois des épaisseurs d’une dizaine de centimètres sans risque de retrait.
En ce qui concerne la période du haut moyen age, il faut se tourner vers le Moyen Orient, tant la suprématie du travail du plâtre y est établie. On taille et on  sculpte le plâtre directement. Le travail de mouluration n’existe pour ainsi dire pas dans ce type de décor, qui constitue de véritables tapisseries de motifs géométriques et floraux stylisés. Dans les textes de la Renaissance, on ne trouve aucune allusion aux techniques de traînage. Finalement, il semblerait que les techniques du plâtre et notamment celle du traînage de la mouluration ne se soient affirmées que progressivement au cours du XVII siècle en France. Elle fut de plus en plus souvent employée aux XVIIIe et XIXe siècles, mais c’est à la fin du XIXe siècle que cette technique connaît son plus grand développement ; les pièces sont systématiquement ornées de corniches. Au début du XXe siècle, on trouve le terme de « moulureur » dans les certificats du travail des ouvriers plâtriers et constitue un aspect important du métier jusque dans les années soixante, pour finalement reculer devant la technique du staff qui se généralise en Province. Toutefois, comme par exemple en Allemagne, les plâtriers continuent de pratiquer les traînages de moulures sur place.

Définition
Les moulures sont des ornements linéaires et en relief dont le profil est constant. Elles peuvent être creuses, pleines ou plates. On les assemble suivant certaines règles esthétiques pour former des corps de moulures qui selon leur emplacement ou leur fonction, prennent le nom de corniches, entablement, cimaise, cadre, base, chapiteau, etc. La moulure est dite nue, ou ornée si elle présente des détails sculptés grâce à des motifs intégrés dans le profil. On désigne par le terme de mouluration l’ensemble des moulures composant un corps de moulure ou formant un élément architectural ; on parle par exemple de la mouluration d’un arc.

Les moulures ne sont pas indispensables, mais elles permettent de souligner les rapports de proportions des différentes parties qui les composent. Elles donnent un rythme, un mouvement à l’ensemble architectural ou décoratif. En extérieur, les corniches permettent d’éloigner les eaux pluviales de la façade par son avancée en porte-à-faux. Le larmier situé en partie haute de la corniche est une moulure destinée à éviter le ruissellement des eaux sur le profil même de la corniche.